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« Nous voulons rester
une boîte de passionnés »

VPLP Design a fêté le 12 décembre à Paris ses 40 ans en compagnie d’une centaine de personnes autour de ses deux cofondateurs, Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot Prévost. Quel visage aura l’agence dans quarante ans ? Simon Watin, son directeur général, et les cinq architectes/ingénieurs associés, Quentin LucetMathias MauriosXavier GuisnelXavier Guilbaud et Antoine Lauriot Prévost, se prêtent au jeu de la prospective.

Avant de se projeter dans les décennies futures, pouvez-vous nous faire la photographie de VPLP Design à 40 ans ?
Simon Watin : VPLP à 40 ans, c’est une agence de 40 employés qui couvre trois domaines d’activité, le maritime, la plaisance et la course, et trois métiers, designers, architectes et ingénieurs. Nous sommes peut-être l’agence dans le monde qui présente le plus large spectre de compétences, nous ne sommes pas forcément les numéros 1 partout, mais nous couvrons pas mal de sujets et nous sommes numéros 1 dans certains domaines. Si le maritime présente une belle croissance d’activité, la croisière et la course demeurent nos deux moteurs d’activité principaux, selon les années, l’un est plus important que l’autre.
 
Cette répartition est-elle amenée à évoluer lors des quarante prochaines années ?
Quentin Lucet : Certainement. Au cours des quarante dernières années, nous avons beaucoup marché sur deux jambes, avec une bonne complémentarité entre la course et la plaisance, des projets emblématiques et d’innovation d’une part, de stabilité et de création d’autre part. La perspective, c’est de faire grandir un troisième pôle, le maritime, et de faire en sorte que les trois pôles continuent à se répondre. On voit bien aujourd’hui que les transferts de technologie se font dans plusieurs sens : par exemple, sur la décarbonation, nous sommes beaucoup passés de la croisière ou de la course vers le maritime, avec des moyens en termes de R&D ou de compréhension de la physique très présents dans la course qui ont permis un ruissellement sur le maritime. Dans le sens inverse, les aspects énergétiques et impacts se font plutôt du maritime vers les autres pôles. Nous souhaitons continuer à pousser ce ping-pong permanent qui permet à chaque pôle de tirer profit des innovations développées au sein des autres et de proposer des solutions nouvelles à nos clients, c’est ce qui fait la richesse de l’agence.
 
Si l’on prend le pôle course, celui par lequel tout a commencé avec Gérard Lambert en 1983, quels vont être les enjeux des prochaines années ?
Antoine Lauriot Prévost : L’enjeu majeur du pôle course est, et restera, de faire des bateaux de courses Innovants, performants, qui gagnent des courses et battent des records ! Certaines classes, à l’instar de l’Imoca, commencent à intégrer dans leurs règles la notion d’éco-score, qu’il va falloir prendre en compte dans le design. C’est une bonne chose, cela va aider à structurer tout un écosystème autour de ces enjeux fondamentaux pour le futur. Mais la course reste guidée par la performance et l’innovation, ce qui nous permet d’être à la pointe en termes d’outils de conception. C’est cette transversalité propre à VPLP qui permet de partager les avancées du pôle course avec l’ensemble de nos projets, quelle que soit la performance visée, qu’elle soit sportive ou énergétique.
 
Xavier Guisnel : Sur ces sujets, nous essayons effectivement d’être proactifs. Grâce au pôle course et aux outils que nous avons développés – de simulation, d’analyses de data -, nous avons toujours creusé le sillon de recherche de la performance en priorité. Ce côté mesure et quantification, nous pouvons le transposer sur la performance environnementale, qui est de plus en plus présente dans le nautisme. Cela concerne les matériaux composites à impact réduit, mais également la partie optimisation énergétique et conception à faible impact. Des choses assez nouvelles qui sont demandées en plaisance et en maritime, moins sur la course aujourd’hui, mais on va y venir, et c’est intéressant pour une agence comme la nôtre d’avoir aussi cette carte à jouer et de creuser ce sujet. Nous espérons que les classes intégreront la performance énergétique dans la performance globale.

© vignette : Christian Chevalier I © affiche : VPLP Design

Comment voyez-vous l’évolution de la plaisance dans les prochaines années ?
Mathias Maurios : La plaisance est un secteur qui connaît régulièrement des avancées majeures. On ne navigue plus en croisière aujourd’hui comme on le faisait il y a quarante ans,  donc si on compare le Lagoon 55 de 1987 et le Lagoon 55 d’aujourd’hui, les différences sont édifiantes, peut-être plus qu’entre un trimaran de course de 1984 et un Ultim aujourd’hui. Comment sera le Lagoon de 2064 ? Aura-t-il une aile, des foils, un hybride voile/moteur, sera-t-on revenu à quelque chose de plus simple ? C’est difficile de répondre aujourd’hui, mais la tendance de fond, qu’on observe actuellement, va à des bateaux dont on essaie de limiter l’impact et d’augmenter la sobriété.
 
Xavier Guilbaud : Aujourd’hui, on a des marques comme Gunboat qui se trouvent à la croisée des chemins entre la plaisance et la course, alliant performance à la voile et confort. Elles répondent à une vraie demande de propriétaires passionnés qui apprécient l’esthétique et la fonctionnalité d’un gréement dit aujourd’hui “classique”, avec des voiles souples, des winches, des écoutes… Cette plaisance fonctionne bien, mais on voit aujourd’hui que ce n’est plus la seule offre qui intéresse le public et on constate l’émergence d’une utilisation différente avec une clientèle qui attache de l’importance à la performance écologique de la voile, tout en souhaitant le plus de simplicité de manœuvre. En ce sens, je pense que clairement, on va assister dans les prochaines années à l’émergence de technologies permettant d’automatiser la partie vélique pour se simplifier la vie à bord.
 
VPLP Design est impliqué sur plusieurs projets de décarbonation dans le domaine maritime, notamment sur des projets de propulsion vélique, est-ce une priorité pour vous de continuer à être un acteur ?
Simon Watin : Nous avons bien évidemment envie de continuer à participer à la massification du transport vélique et le fait d’être parmi les premiers à s’être penchés sur le sujet nous aide à être référencés, mais nous ne voulons pas pour autant dénaturer l’esprit dans lequel nous le faisons, à savoir que nous aimons l’innovation. Donc nous avons parallèlement envie de travailler sur des projets qui nous permettent de sortir des sentiers battus, donc de continuer à collaborer avec des armateurs et des opérateurs qui se posent des questions nouvelles et pour lesquels il faut des solutions nouvelles, cela fait vraiment partie de l’ADN de l’agence.
 
VPLP compte 40 collaborateurs à 40 ans, serez-vous 80 à 80 ans ?
Tous (!) : 80, ça fait beaucoup ! Nous sommes attachés à la notion d’équipe à taille humaine, donc nous sommes aujourd’hui d’accord entre associés pour ne pas partir dans une taille qui nous ferait sortir de ce cadre. Ce qui ne veut pas dire que nous ne voulons pas grandir, mais nous voulons rester une agence que les gens choisissent délibérément pour s’épanouir professionnellement, une boîte de passionnés.
 
Et VPLP Design pourrait-elle ouvrir de nouveaux pôles ?
Simon Watin : Oui, cela fait partie des réflexions que nous avons régulièrement entre nous. Nous pourrions par exemple envisager un pôle design qu’on étendrait à des activités non maritimes ; nous avons souvent parlé entre nous d’un pôle ingénierie, dans la mesure où le niveau de technicité augmente dans un certain nombre de domaines, la course au large en particulier. Les débats sont ouverts !