Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
© RORC / James Tomlinson

MOD 70 :
La seconde vie de trimarans bien nés

Treize ans après leur lancement, les sept MOD 70 continuent de naviguer et les occasions de régater se multiplient pour le bonheur de propriétaires passionnés et exigeants. VPLP Design, qui a dessiné ces monotypes, collabore avec plusieurs d’entre eux pour augmenter les performances sans trahir la philosophie de ces multicoques robustes et performants. Explications avec Vincent Lauriot Prévost et Quentin Lucet.

Synthèse de quatre générations de trimarans Orma (de Pierre 1er à Groupama 2), les MOD 70, dont les premiers exemplaires avaient été mis à l’eau en 2010, avaient été conçus pour durer au moins dix ans au plus haut niveau. Si le circuit monotype lancé par la même occasion s’est malheureusement arrêté au bout de deux ans, victime d’une mauvaise conjoncture, ces trimarans construits chez CDK technologies n’ont de fait jamais cessé de naviguer. D’autant que « mis à part des accidents de fonctionnement, aucun n’a jamais connu de souci de structure » note Vincent Lauriot Prévost, cofondateur de VPLP Design.

« A l’époque de la conception, nous avions identifié la dizaine d’avaries récurrentes sur les Orma et nous en avions tiré les enseignements. L’objectif était de faire des multicoques permettant de naviguer sans état d’âme et sans nécessiter de fréquents chantiers », poursuit-il. Après 2013, la flotte s’est dispersée aux quatre coins du monde, avec des programmes variés, allant d’opérations de relations publiques à la chasse aux records, certains, comme l’ex-Gitana XV (devenu Maserati) servant même de laboratoire pour tester le vol en multicoque en large.

Depuis 2020, six des sept MOD 70 se retrouvent régulièrement en Atlantique et en Méditerranée (seul Orion, ex Veolia Environnement, reste à San Francisco) pour disputer en flotte de nombreuses classiques, comme la Rorc Transatlantic Race, la RORC Caribbean 600 ou la Middle Sea Race. « L’ambiance est très bonne, ce sont des propriétaires, pas des teams, qui régatent pour leur plaisir, sans comptes à rendre, ils ont les coudées franches pour s’organiser comme ils veulent. Et ils sont souvent très bien entourés, avec à bord des Loïck Peyron, Brian Thompson ou Paul Larsen », analyse Vincent Lauriot Prévost.

« On ne veut pas dégrader la fiabilité »

Preuve que la série reste homogène au fil du temps, les courses se finissent souvent avec des écarts très faibles et les places s’échangent sur les podiums. « La dernière RORC Caribbean 600 s’est jouée à 11 secondes entre Zoulou et Maserati, confirme Quentin Lucet, architecte associé. Les différences de développement sont lissées par les conditions de navigation. »

Certains propriétaires ont en effet souhaité faire évoluer leur plateforme, comme Jason Caroll (Argo, ex Musandam Oman Sail) ou Erik Maris (Zoulou, ex Paprec Recyclage) qui se sont tournés pour cela vers VPLP Design. « En dix ans, nous avons énormément progressé en matière d’appendices, notamment grâce au travail réalisé sur les Ultims et les Imoca, nous avons donc travaillé sur un nouveau set d’appendices pour les MOD 70, l’idée étant de converger vers une solution commune, sans trahir la philosophie d’origine. Ici, le but est en effet de naviguer plus à plat, plus vite et plus en sécurité, certainement pas de voler un mètre au-dessus de l’eau. On se donne comme limite de ne pas remettre en question la structure, on ne veut pas dégrader la fiabilité, car ce qui plaît à ces propriétaires, c’est que ce sont des bateaux sans problèmes, alors même qu’ils commencent à avoir un paquet de milles au compteur« , explique Quentin Lucet. L’équipe d’Argo a ainsi lancé la fabrication de nouveaux foils chez Avel Robotics à Lorient et de safrans en T chez C3 Technologies, à La Rochelle.

La reconnaissance en 2023 des MOD 70 par l’IMA (International Maxi Association), qui s’ouvre plus volontiers aux multicoques, pourrait élargir le terrain de jeu des trimarans monotypes avec à la clef la participation à des courses engagées, comme la Sydney Hobart« Ce n’est pas du tout déraisonnable, assure Vincent Lauriot Prévost. Lors de la genèse des MOD 70, un projet de tour du monde par les canaux prévoyait une étape ralliant Hawaï et l’Australie, ce qui supposait trois semaines de navigation assez sollicitantes. On avait fait costaud ! »