Développé depuis 2017 par VPLP Design, le Simulation Yacht Dynamics (SYD) a récemment servi pour accompagner l’équipe de France de voile olympique en vue des Jeux de Paris 2024, le défi Luna Rossa Prada Pirelli sur la Coupe de l’America (voir ci-dessus) ou le navire-énergie Farwind. Xavier Guisnel, coordinateur ingénierie, nous en dit plus.
Qu’est-ce qui distingue SYD des autres simulateurs existants sur le marché ?
Jusque-là, la plupart des simulateurs avaient été développés dans le cadre de la Coupe de l’America, pour des conditions de mer inshore, avec une problématique de houle moins prégnante. Nous nous sommes concentrés sur le comportement d’un navire dans la mer et dans des conditions variées, grâce à la modélisation aussi précise que possible de tous les phénomènes physiques qui permettent à un bateau d’avancer, qu’ils soient hydrodynamiques ou aérodynamiques. Nous avons par exemple beaucoup travaillé sur le comportement des coques dans la houle, ou sur le calcul des appendices et leur déformation sous charge.
Comment SYD est-il né et quel usage en avez-vous aujourd’hui ?
A l’origine, c’est une thèse de doctorat menée par Paul Kerdraon (Modélisation des phénomènes hydrodynamiques instationnaires sur un trimaran de course au large), qui a donné suite au développement complet d’un simulateur dynamique. On utilisait déjà ce genre d’outil, c’était une manière d’internaliser cette compétence. Aujourd’hui, on y a d’abord recours pour notre travail d’architecte, pour comprendre le fonctionnement des bateaux, faire des comparaisons. Ensuite, on déploie le logiciel chez nos clients. Cela permet de faire le lien avec les équipes pour parler le même langage, leur retour est hyper intéressant. Il y a plein d’aspects qu’on a pu affiner, des configurations, des réglages sur la stabilité du bateau. C’est un gain de temps précieux pour tout le monde. Le fait d’avoir la maîtrise des modèles physiques implémentés est précieux pour faire évoluer le simulateur en fonction des enjeux de modélisation. On a pu par exemple récemment ajouter un modèle de ventilation des appendices, ce qui devenait clé dans certaines situations.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’exploitation récente ?
SYD a un champ d’application très large, de l’Ultim aux Imoca, en passant par les gros bateaux de transport comme le navire-énergie Farwind ou encore le chase boat de Luna Rossa, sur lequel il a même permis de tester le logiciel de contrôle de vol du défi italien, en réplique numérique du système réel. Récemment, on a aussi soutenu l’équipe de France dans le cadre de la préparation olympique en Nacra 17, un bateau de très faible masse sur lequel tout est plus dynamique. Les marins ont trouvé le simulateur très fiable, ça leur a fait gagner du temps, notamment pour tester des réglages, sans être dépendants de la météo.
Quel est le coût pour le cabinet VPLP de ce simulateur ?
Le coût initial est de plusieurs centaines de milliers d’euros et en fonctionnement, c’est un équivalent temps plein à l’année. Quatre ingénieurs le développent en permanence, avec une mise à jour chez nos clients deux fois par an. C’est un investissement conséquent mais aujourd’hui, on sent que les débouchés sont croissants à mesure qu’on progresse en fiabilité. Le simulateur rentre dans les mœurs, tout le monde prend confiance dans l’outil. Le secteur nautique était un peu en retard par rapport à d’autres sports mécaniques, mais on se rattrape doucement !