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© Gunboat / Gilles Martin Raget

GUNBOAT 80,
une entrée en matière remarquée

Mis à l’eau début juin, le premier Gunboat 80, propriété du lord écossais Irvine Laidlaw, a effectué ses débuts en régate lors de la Maxi Yacht Rolex Cup, disputée du 3 au 9 septembre à Porto Cervo. Xavier Guilbaud, architecte associé de VPLP Design, et Benoît Lebizay, Managing Partner de Gunboat, étaient présents, l’occasion pour eux de présenter ce catamaran d’exception.

C’est le huitième Gunboat mis à l’eau depuis la reprise de la marque par le groupe Grand Large Yachting en 2016, c’est aussi le plus grand. Après sept lancements, du Gunboat 68 au 72 pieds à flybridge, dont le premier exemplaire a été mis à l’eau au printemps dernier, le nouveau Gunboat 80 franchit un pas supplémentaire pour la gamme de catamarans de grande croisière du chantier de La Grande Motte.

« Ce nouveau modèle est dans la lignée de l’ADN historique de la marque, avec notamment le cockpit avant et la possibilité de barrer de l’intérieur, explique Xavier Guilbaud, mais nous sommes parvenus à reculer le mât, qui est implanté sur le rouf. Cette position autorise un meilleur équilibre du plan de voilure et recentre bien les masses. » Contrairement à ses prédécesseurs, dont le sandwich carbone est infusé en interne, le 80 a été intégralement réalisé en pré-imprégné, procédé également utilisé pour les grands bateaux de course (Ultim, Imoca).

D’où le choix de Gunboat de sous-traiter la fabrication des coques, de la nacelle et des cloisons au chantier Multiplast, à Vannes, et à Fibre Mechanics, à Lymington, la construction du premier exemplaire ayant nécessité en tout deux ans de travail« Sur ce modèle, nous sommes des assembleurs, au sens noble du terme. Notre savoir-faire réside plus que jamais dans la capacité à gérer l’intégration de systèmes complexes dans une enveloppe au devis de poids contrôlé. Un devis de poids qui est d’ailleurs contractuel chez Gunboat », rappelle Benoit Lebizay, le directeur général.

L’attention portée à la masse a ainsi été anticipée dès la conception, puisque le bateau a été dessiné et sa structure dimensionnée pour le cas le plus défavorable de chargement, 29 tonnes lège en l’occurrence. Le deuxième Gunboat 80, commandé pour un programme de croisière rapide en famille par l’Américain Jason Caroll – propriétaire et skipper du MOD70 Argo -, devrait approcher ce déplacement maximum.

Un premier exemplaire spécialement léger

La problématique a été différente dans le cas de Highland Fling XVIII, nom de baptême du premier exemplaire – du nom d’une danse écossaise -, mis à l’eau en juin pour le compte du lord écossais Irvine Laidlaw. « Son programme est exclusivement tourné vers la régate à la journée. Ce qui veut dire que les aménagements intérieurs ont été réduits au strict minimum et qu’il nous a challengés sur tous les dossiers pour gagner le maximum de poids, jusqu’aux vitrages ou à la peinture ! » sourit Xavier Guilbaud.

Highland Fling XVIII, dont le plan de voilure inclut 6 voiles d’avant (!), est considérablement plus léger et se révèle « hyper réactif et intouchable dans les petits airs », selon l’architecte, qui a pu s’en rendre compte lui-même ayant embarqué lors de la Maxi Yacht Rolex Cup, courue début septembre à Porto Cervo. Cette réactivité demande de la vigilance de la part de l’équipage, car le catamaran lève la coque au vent dès 12 nœuds de vent réel, nécessitant de réduire la toile un peu plus tôt que pour la version course-croisière. Ce qui ne semble nullement gêner son propriétaire, qui fêtera fin décembre ses 81 ans et continue de barrer en régate, comme l’exigent les règles de l’International Maxi Association (IMA).

« C’est son dix-huitième bateau de course et le premier multicoque qu’il fait construire. En attendant la mise à l’eau, il avait acheté un Gunboat 68 d’occasion pour se faire la main ! » raconte Benoit Lebizay. L’édition 2023 de la Maxi Yacht Rolex Cup accueillait pour la première fois des multicoques avec un classement dédié, les temps compensés étant calculés selon la jauge ORC.

Trois bateaux avaient répondu à l’appel à Porto Cervo, « leur présence a manifestement marqué de nombreux propriétaires de monocoques », constate Xavier Guilbaud, notamment celle de Highland Fling XVIII qui a terminé deuxième. Il faut dire qu’avec 12 personnes à bord – l’essentiel des manœuvres fait appel à l’hydraulique – contre une bonne vingtaine sur un monocoque de même taille, pour des vitesses deux fois plus élevées, ces catamarans construits aux standards des meilleures unités de course au large forment une alternative qui questionne le petit milieu des maxis. Et pourrait bien dessiner une tendance dans les années à venir.