Des premiers ordinateurs HP 85, hier, au simulateur numérique SYD, aujourd’hui, l’histoire de VPLP Design est aussi celle de la maîtrise d’outils qui n’ont eu de cesse d’évoluer, comme le racontent ses fondateurs, Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost.
Lorsque Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost sortent de l’Université de Southampton, où ils se sont rencontrés, pour décider d’unir leurs forces dans ce qui deviendra vite VPLP, l’informatique est balbutiante. Mais la révolution est déjà en route : ”Nous avons appris à dessiner à la main et les premiers PC ont débarqué lors de notre dernière année à l’école, se souvient le premier. Nous n’avions pas la logique intuitive des jeunes d’aujourd’hui et nous nous sommes formés sur le tas. Mais on sentait bien que c’était la voie à suivre.”
En 1983, les lignes de Gérard Lambert, premier bateau signé VPLP, sont tracées sur la table à dessin, mais les sections destinées au chantier passent à la moulinette de l’ordinateur HP 85, acheté par le tandem. “L’écran faisait la taille d’un paquet de cigarettes et il crachait ligne par ligne au pied de mon lit les coordonnées des points de chaque section. Les calculs prenaient des nuits entières !” ajoute Marc Van Peteghem
Circé, le logiciel d’alors, développé par Marc Pommelet, est un must. Il permet de lisser des formes et facilite les calculs hydrostatiques. Rapidement, VPLP s’équipe d’un autre logiciel surfacique baptisé Intergraph, qui utilise la logique des « splines » : “Plutôt que de tracer des courbes avec des points de passage obligés, ce sont des points de contrôle extérieurs qui permettent de travailler les lignes et donc de créer des courbes plus tendues et des surfaces plus belles”, explique Vincent Lauriot-Prévost.
Un mix entre logiciels industriels
et outils internes
Le dessin sur ordinateur passe de la 2D à la 3D dans les années 1990, mais c’est du côté du calcul, des VPP et de la simulation qu’a lieu la véritable révolution numérique, selon Marc Van Peteghem : “Jusqu’au début des années 2000, on faisait encore tous les avant-projets à la main et l’informatique n’était qu’un outil d’exécution. On échangeait beaucoup avec les skippers, on naviguait sur les bateaux… L’appréhension des formes se rapprochait du travail du sculpteur, elles découlaient d’un ressenti, d’une compréhension physique et intime de ce qui se passait à bord. Aujourd’hui, tu peux modéliser autant de carènes que tu veux en très peu de temps et tester leur passage dans la mer.”
La démarche de design de VPLP, tournée vers la recherche et l’innovation, a toujours été soutenue par l’utilisation de logiciels numériques de pointe : “Nous avons toujours travaillé avec un mix entre logiciels industriels sous licence pour les plans, le modelage ou le calcul par éléments finis, et nos propres outils, développés en interne, raconte Vincent Lauriot-Prévost. L’aboutissement actuel de cette démarche est notre simulateur baptisé SYD. Son élaboration a nécessité 3 à 4 ans de travail pour plusieurs ingénieurs de l’agence. Aujourd’hui encore, nous maintenons une fréquence de développement régulière pour que ce logiciel reste agile et puisse s’adapter à des demandes en constante mutation.”
La puissance actuelle du numérique permet ainsi de se passer de maquettes à l’échelle 1, comme cela était encore nécessaire il y a une quinzaine d’années le groupe Beneteau pour ses nouveaux Lagoon. “Aujourd’hui, on construit des maquettes numériques. Tu t’installes derrière l’écran, tu mets les lunettes et tu te déplaces dans le bateau. C’est magique !” sourit Marc Van Peteghem. Qui ajoute : “Il n’y a aucune nostalgie dans ce constat. Je suis ravi du métier que j’ai exercé avec Vincent et de son évolution. Tout comme je suis très content d’avoir traversé l’Atlantique au sextant, ce qui ne me fait pas pour autant cracher sur le GPS aujourd’hui !”